SALAMANO


Il est difficile de penser à Salamano sans son chien, C’est le vieil épagneul avec lequel Salamano accomplit le rite absurde de ses promanades  à onze heures et à six heures tous les jours.  Ils se détestent d’une même intensité, l’homme et l’animal.  Après avoir vécu seuls dans une petite chambre, ils ont fini par se ressembler- : «des croûtes rougeâtres sur le visage et le poil jaune et rare » et le chien a pris l’allure voûtée de son maître.  Ils sont inséparables ces créatures apparemment de la même race.   

Meursault prend plaisir à décrire ces promenades et il fait rire sa petite amie, Marie, en faisant le récit.  Salamano suit le même itinéraire depuis huit ans.  Quand ils se mettent en route, le vieux chien tire son vieux maître, jusqu’à ce que, Salamano, à bout de patience, le frappe et l’insulte.  Le chien rampe de frayeur et Salamano le regarde avec haine..  Après il doit entraîner le chien et il ne lui laisse même pas le temps d’uriner, et, détail typique de Meursault, le chien,  résistant toujours,  sème une traînée de petites gouttes  derriere lui.     Salamano bat l’animal dans l’appartement aussi et en rentrant tard, le soir, Meursault l’entend gémir sourdement.

Pourtant Salamano n’est pas un monstre.  La biographie qu’il raconte à Meursault est assez conventionnelle. Il avait fait sa vie en travaillant dans les chemins de fer, ce qui lui avait donné une petite retraite.  Jeune, il avait eu envie de faire du théâtre.  Il traite Meursault d’ami, et il passe chez Meursault  pour chercher de la consolation après la dispartion de son chien.  Au tribunal, il essaye de défendre Meursault,  avec la supplication : « Il faut comprendre…. Il faut comprendre. »

Malheureusement, ce que les jueés devraient comprendre concernant la conduite de Meursaut envers sa mère,   Salamano ne sait pas l’exprimer. Lui le comprend bien parce qu’il l’a vécu.     Salamano croit détester son chien, mais quand son chien s’est échappé il le cherche partout et malgré ses protestations il accepterait de payer le prix pour le sortir de la fourrière.  Salamano pleure et se demande ce qu’il va devenir sans son chien.  Son expérience avec sa femme avait été pareille. Salamano n’avait pas été heureux avec sa femme, mais il s’était bien habitué à elle et après sa mort il se sentait bien seul.  Le phénomène absurde de l’amour humain est composé d’habitude, de dépendance et aussi de ressentiment accumulé. Cet amour est menacé par le passage des années et le petit chien, qu’il avait nourri au biberon, avait été transformé en vieux chien couvert de plaques. 

Salamano n’est pas d’accord avec les gens du quartier qui affirment que Meursault ait tort de mettre sa mère à l’asile.  Salamano reconnaît instinctivement la nature de l’amour chez nous et sait que malgré les imperfections de leurs relations, Meursault et sa mère continuaient de s’aimer.  Les jurés refusent de l’accepter et Meursault va être exécuté pour n’avoir pas pleuré à l’enterrement de sa mère.  Le rôle de Salamano est de souligner l’absurdité du sort tragique de Meursault